Jupin fut autrefois curieux de connoître
Lequel des divers animaux
Avoit les petits les plus beaux ;
Devant son tribunal on les vit comparaître :
Spectacle amusant, et nouveau.
La louve y vint avec son louveteau :
Le tendre agneau suivoit sa mère.
Point de femelle qui n’espère
Que Jupiter trouvera ses enfants
Mignons, agréables, charmants.
Dans une illusion si vainc,
L’ourse quitta son souterrain séjour :
Ses informes petits parurent sur la scène.
Une guenon se présente à son tour.
Elle embrassoit avec tendresse
Deux de ses nourrissons de la plus laide espèce,
Monstres qu’elle croyoit aussi beaux que le jour.
Chacun les regarda ; leur figure fit rire ;
Et même Jupiter perdit sa gravité.
Far la guenon ce ris interprété
En sa faveur, la pécore osa dire :
Vous n’en pouvez douter, le souverain des dieux
À mes enfants donne la préférence.
On redoubla les ris à celte extravagance :
Mais l’amour paternel lui fascinoit les yeux.
Ses magots étoient son idole.
Plus d’une mère est aussi folle
” Jupiter et la Guenon”