Kanari ké Chouguié
Qun jou chouguiè trouvé kolè
Di fika là so fouyé;
Li koumansé ka babié
Ké kanari, so konpè;
Avan moun di kaz levé,
Ka-di : m Gadc nou mizè !
Nou toujou landan cherbon,
Landan sand, là lapousiè,
Là difè : tou sa pa bon.
Chè konpè, anou maron! »
Kanari répond : « Koumè,
Ou ka-joué! Si mo soti,
M’a kasé piti-piti.
Mo lapo fèt kè latè,
Li p’ka jcn pouvé kienbé ;
Lésé-mo là mo koté.
Ou ki dou, sa wôt zafè ;
Ou pati, kouraj ! aguié ! »
Chouguiè di : « Awa! konpè,
Es mo-mèm pa la ké to
Pou mo défand to lapo?
N’a mâché toujou tou proch;
È si nou kontrc ké roch,
M’a kasé-yé ké mo do. »
Kanari kré sa, podiab;
Li soti anba so tab,
Ralé so kô là lari.
Chimen té pa bon; chouguiè
Ka-maché magnè-magnè,
Jouk li kosté kanari,
Ki kasé torné frifri.
Zôt wè-li: lasou latè,
Kan moun envi fè zafè,
Si li benzwen kopagné,
Fô li pran so galité;
Sankwè li wa-guen mizè,
É toujou l’a rivé li
Sa ki rivé kanari.
Le Pot-de-terre et la Marmite (traduction)
La marmite un jour se fâcha
D’être confinée au foyer;
Elle se mit à déblatérer
Avec le pot de terre, son compère;
Avant qu’on fut levé dans la maison,
Elle dit : « Voyez notre misère!
Nous sommes toujours dans le charbon,
Dans la cendre, dans la poussière,
Dans le feu : tout cela est triste.
Cher compère, échappons-nous! »
Le pot de terre lui répondit : « Ma commère,
Vous plaisantez ! Si je sors d’ici,
Je serai brisé en mille morceaux.
Ma peau est faite de terre,
Elle ne saurait résister à rien;
Laissez-moi dans mon coin.
Pour vous, qui vies solide, c’est une autre affaire;
Partez, bonne chance! adieu! »
La marmite lui dit : « Allons donc! compère,
Ne suis-je pas avec toi
Pour garantir ta peau?
Nous marcherons toujours tout près l’un de l’autre;
Si nous rencontrons quelque caillou,
Je le briserai avec mon dos. »
Le pot de terre crut cela, le pauvre diable;
Il sortit de dessous la table
Et se traîna dans la rue.
Le chemin était difficile; la marmite
Marchait cahin-caha,
Si bien qu’elle heurta le pot de terre,
Qui fut brisé en mille morceaux.
Songez-y bien : dans ce bas monde,
Lorsque vous entreprenez quelque chose,
S’il vous faut un compagnon,
Associez-vous à votre égal ;
Autrement vous en souffrirez,
Et toujours il vous arrivera
Ce qui est arrivé au pot de terre.
Le o ouvert avec accent grave ò , est remplacé par le ô avec accent circonflexe.