Études sur : “L’ avantage de la Science”, Pierre Louis Solvet,1812.
XIX. L’ avantage de la Science.
Abstemius, F. 145 (1).
Il seroit très-malheureux que Futilité de la science ne pût se prouver que dans une circonstance aussi fâcheuse que la ruine d’une ville. La société ordinaire offre une multitude d’occasions où ses avantages deviennent frappants; et l’apologue de La Fontaine ne prouve pas assez en faveur de la science; il laisse à ‘ignorant trop de choses à répondre. Au surplus, il faut toujours supposer qu’il s’agit de la science unie au boa sens ; car, comme a dit Molière ,
Un sot savant est sot plus qu’un sot ignorant.
(Ch.)
V. 16. Que sert a vos pareils de lire incessamment?
Ils sont toujours logés à la troisième chambre.
M. de Castries, dans le temps de la querelle de Diderot et de Rousseau, dit avec impatience à M. de R***, qui me l’a répété : « Cela est incroyable, on ne parle que de ces gens-là, gens sans état, qui n’ont point de maison, logés dans un grenier : on ne s’accoutume point à cela. « (Ch.)
V. 19. Ayant pour tout laquais son ombre seulement.
Quibus umbra sua famulatur unice.
(Epistolae obscur, viror.)
V. 39 Laissez dire les sots : le savoir a son prix.
Quoi que dise ici La Fontaine en faveur de la science, il n’a pas toujours tenu le même langage; et plus d’un endroit e ses œuvres eût bien pu servir d’épigraphe au fameux discours de Jean-Jacques, s’il eût pris fantaisie au philosophe d’aller y puiser ses textes :
……….He’las! qui sait enoor
Si la science à l’homme est on si grand trésor?
(Ep. a Huet.)
Ailleurs, parlant des Iroquois :
Peuple sans lois, sans arts et sans science.
……….S’il ne falloit mourir,
Peut-être ils se mettroient à l’abri de la mort
Par le secours de l’ignorance.
(Poème du Quinquina.)
1) L’aventure de Simonide, rapportée par Phèdre (liv. 4, f. 19), tend peut-être d’une manière plus frappante au but proposé, que le récit d’Abstemius. Mais La Fontaine aura préféré ce dernier, sans doute parce qu’il avoit déjà introduit Simonide dans ses premières Fables: