De tous modules.
De toutes formes,
Des minuscules
Et des énormes,
Les animaux de la création,
Assemblés, se mirent en marche
(En avait-on jamais autant vu depuis l’Arche ?)
Pour tenir un meeting de protestation : —
Il faut enfin, il faut qu’on sache
De quel droit la Bête à Bon Dieu,
Coccinelle,
Cette péronelle,
S’intitule Bête à Bon Dieu ?
D’être Bête à Bon Dieu, tous autant que nous sommes,
Pouvons-nous pas en réclamer le titre ?
Tous le méritent,
Même les hommes ;
Chacun de nous peut,
Somme toute,
Prendre ce nom et s’appeler, sans aucun doute,
Et s’appeler Bête à Bon Dieu.
Or voici qu’au bord de la route
Un enfant se tenait, et, au bout de son doigt,
Il tenait cette coccinelle,
Qui Bête à Bon Dieu, — de quel droit ? —
Se fait appeler et s’appelle.
Et, dans son langage ingénu,
S’entretenant avec la bestiole :
— Bête à Bon Dieu ne t’en va plus !
Ah ! pourvu
Que tu
Ne t’envoles ! —
L’enfant ainsi l’interrogeait
Au sujet
D’aujourd’hui, de demain, de toutes ses journées,
De pluie ou de soleil baignées.
Malheureuses ou fortunées :
Cette bête au bout de son doigt,
Est-ce que vraiment il la croit
Sur son avenir renseignée,
Oui, renseignée à ce point ?
Point !
L’avenir, on l’a fort bien dit, n’est à personne,
L’avenir est à Dieu ; s’entend
Qu’il n’est pas à la Bête à Bon Dieu ; cependant
Nous savons, en la consultant,
Que le bonheur et le beau temps,
C’est le Bon Dieu qui nous les donne :
Elle en est simplement l’humble témoin, et peut,
La moins savante
De ses servantes, —
La coccinelle à bon droit peut
S’appeler la Bête à Bon Dieu.
“La Bête à Bon Dieu”