L’un de ces jours d’août, où le soleil brûlant
Dardait ses feux dans la prairie,
Tout cherchait l’ombre, clic troupeau bêlant
Avait rejoint la bergerie.
Une seule Brebis dans la plaine paissait.
Sans berger et sans chien, notre pauvre égarée
Tondait l’herbe, a rien ne pensait.
A son oreille déchirée
Bientôt un affreux hurlement
A révélé d’un loup le fâcheux voisinage.
Que faire en ce cruel moment ?
Comment échapper à sa rage ?
C’en était fait ! à ses yeux , par bonheur,
S’offre un Buisson à la piquante épine
Qui, contre la dent assassine,
Assure à sa faiblesse un appui protecteur.
Elle s’y cache, et, par lui détendue,
Les chiens et le berger ont le temps d’accourir ;
Le mangeur de moutons aussitôt de s’enfuir,
Frappé de crainte à leur terrible vue.
Sans l’heureux abri du Buisson,
Noire Brebis était perdue;
Mais, avant d’en sortir, elle y laissa , dit-on ,
La plus belle moitié de sa riche toison,
Et la protection un peu cher fut vendue.
Pauvre Brebis, plaideur mal conseillé,
Chez Thémis trop heureux l’innocent que l’on juge,
Lorsque de ce lieu de refuge
L’infortuné ne sort qu’à moitié dépouillé.
“La Brebis et le Buisson”