Sur le gazon, aux approches du soir,
Un ver luisant aimait à faire voir
De ses anneaux brillants l’éclatante lumière :
Auprès de lui, se tenant en arrière,
Rampait une chenille au corps brun, presque noir.
Un rossignol cherchant curée
Dans les airs faisait sa tournée.
Tandis que l’insecte prudent,
Se cachant sous l’herbe touffue
Facilement se dérobe à sa vue,
Il aperçoit le ver luisant
Que trahit son éclat : l’oiseau le saisissant
L’emporte palpitant à sa jeune famille.
« Ah ! se dit à part soi la modeste chenille,
S’il est beau de briller, il vaut mieux être obscur :
L’un est plus glorieux, mais l’autre est bien plus sûr.»
“La Chenille et le Ver luisant”
- Théodore Lorin, 18.. – 18..