Une cigale, dont le corps
N’était plus qu’un pauvre squelette,
Languissait sans pouvoir mettre le nez dehors.
Est-ce donc là cette coquette
Qui babillait, l’été, dans les gazons ?
Le front penché sur ses lisons,
Toussant, crachant et faisant triste mine :
« Hélas ! faut-il que la fièvre me mine,
Lorsque je me vois seule et sans provision !
Je n’y tiens plus. Allons, vaille que vaille,
Il faut enfin que je m’en aille,
Morte de faim et de soif à demi,
Voir ma voisine la fourmi,
Qui, dit-on, n’est guère prêteuse. »
Elle arrive. Pan ! pan ! On s’empresse d’ouvrir.
« Je suis, fit-elle, un peu honteuse,
Une cigale malheureuse.
Ne pouvez-vous me secourir.
Vous qu’un charmant auteur accuse d’être avare ?
La bienfaisance est chose rare ;
Cependant on m’a dit qu’on la trouve chez vous.
— Oh ! ma sœur, combien il m’est doux
De recevoir votre visite !
Je cours vous préparer un gîte
Pour y passer la mauvaise saison.
Entrez, entrez ; votre vieux La Fontaine
Chez les fourmis n’aura jamais raison.
Je ne consens à fermer ma maison
Que lorsqu’elle est tout à fait pleine. »
“La Cigale et la Fourmi”