(Imitation de LA FONTAINE )
Un ruisseau débordé par suite d’un orage,
D’une fourmilière, hélas ! presqu’en entier
Vient d’inonder, de détruire l’ouvrage :
Un tiers au plus s’est sauvé du naufrage.
Les coureuses en vain cherchent l’ancien sentier
Du grenier,
Riche et vrai grenier d’abondance !
Encor si l’on était au printemps ! mais l’hiver,
Le cruel hiver qui s’avance,
De réparer le mal laisse peu d’espérance.
L’insecte au manteau toujours vert,
La Cigale, apprenant cette triste infortune,
S’en va trouver les chefs de la commune.
Je viens, leur dit-elle, j’accours
Vous offrir mes légers secours.
Je m’y prendrai d’abord mal… mais j’irai toujours ;
Puis ma petite ritournelle
A vos soucis pourra donner un autre cours.
Faut-il faucher herbe nouvelle,
Creuser, agrandir quelque trou ?
J’ai mon croissant. Voyons, indiquez-moi par où
Commencer. Surpris de son zèle,
Quelqu’un lui dit : Eh quoi ! c’est envers la fourmi
Que vous-en agissez ainsi !
Ne vous souvient-il plus comme elle vous fut dure ?
Comme au refus elle joignit l’injure ?
Elle ignorait alors ce que c’est que souffrir,
Répond-elle ; aujourd’hui peut-être
De meilleurs sentiments dans son cœur pourront naître :
Souffrante, aux maux d’autrui j’apprends à compatir.
“La Cigale et les Fourmis