L’autre exemple est tiré d’animaux plus petits.
Le long d’un clair ruisseau buvait une Colombe,
Quand sur l’eau se penchant une Fourmi y tombe.
Et dans cet océan l’on eût vu la Fourmi
S’efforcer, mais en vain, de regagner la rive.
La Colombe aussitôt usa de charité :
Un brin d’herbe dans l’eau par elle étant jeté,
Ce fut un promontoire où la Fourmi arrive.
Elle se sauve ; et là-dessus
Passe un certain Croquant qui marchait les pieds nus.
Ce Croquant, par hasard, avait une arbalète.
Dès qu’il voit l’Oiseau de Vénus
Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.
Tandis qu’à le tuer mon Villageois s’apprête,
La Fourmi le pique au talon.
Le Vilain retourne la tête :
La Colombe l’entend, part, et tire de long.
Le soupé du Croquant avec elle s’envole :
Point de Pigeon pour une obole.
Autre analyse:
Analyses de Chamfort – 1796.
Ces deux fables ne comportent aucune espèce de notes, n’étant remarquables ni par de grandes beautés, ni par aucun défaut. C’est la simplicité et la pureté de Phèdre, avec un peu plus d’élégance . (La Colombe et la Fourmi)
Commentaires de MNS Guillon – 1803.
(1) Une Fourmis y tombe. Le mot Fourmi ne prend l’s qu’au pluriel. Les lexicographes n’ont point remarqué cette innovation de La Fontaine.
(2) Et dans cet océan. Toute grandeur est relative. Le simple ruisseau est toujours bien vaste quand on s’y noie : il est alors l’océan tout entier, comme la planche qui sauve du naufrage est un promontoire. Ces images ennoblissent les acteurs, et rehaussent le lieu de la scène.
(3) Usa de charité…lire la suite