Les chapeaux du Second Empire,
Il y a pire.
C’est bien certain,
Et il se pourrait que demain,
Regrettant la mode d’hier,
Quand vont les filles de vingt ans
Se coiffant comme leurs arrière-
Grand’mères, —
C’est à savoir très en avant,
Et plus, plus du tout en arrière, —
Tu diras : « C’était le bon temps !… »
Toquets à plumes,
Coquets
Toquets,
Nos aïeux en turent toqués,
Et nous, je présume
Qu’en somme,
Ou nous le sommes,
Ou nous le fûmes…
Mais dans la mode tout se tient,
Oui, la mode, c’est un ensemble ;
D’abord, comme il semble,
Il convient
Qu’on en bannisse
L’anachronisme ;
Et si l’on vous voit monter dans
L’auto, l’avion trépidants,
Avec des chapeaux, sans reproche,
Tout au moins datant
Des mail-coches,
(Les quolibets qu’on vous décoche,
Vous les méritez, cependant),
L’anachronisme est évident.
Se peut-il qu’une jeune fille
Conduise son automobile,
Jeune fille au volant, avec
Quelque coiffure, je suppose,
De la bibliothèque
Extraite,
De la Bibliothèque Rose ?…
Jeune fille au volant, s’entend —
C’est le vent, Le vent frivolant !… —
Du volant, vole, vole, vole…
Non d’une élève d’une école
Où l’on se flatte d’obtenir
En huit jours — huit jours, c’est promis —
Ce fameux permis
De conduire :
Jeune fille jouant au volant, c’est-à-dire,
A la mode Second Empire,
Peut-elle avoir rien de commun
Avec celle Qu’aujourd’hui révèle,
Jeune fille au volant Mil neuf cent trente et un ?
Ou, dans l’avion qu’elle monte.
Pour tâcher,
Erreur n’est pas compte,
D’attraper, l’air est si léger,
D’attraper, luttant contre Éole,
Énergique quoique frivole —
C’est le vent Le vent frivolant !… —
D’attraper le volant qui vole, vole, vole
“La Demoiselle au Volant”