Un Arabe dévot et des plus bienfaisants
Entreprit la pénible tâche
D’ouvrir dans le désert un puits pour les passants.
Il y travailla sans relâche,
Et l’eau jaillit enfin et paya ses efforts.
L’Arabe de la source embellit les dehors,
L’enveloppa de riches marbres,
Et planta tout autour des arbres,
Dont l’aspect fit de loin distinguer ce beau lieu.
L’œuvre achevée, il bénit Dieu.
Un voisin lui disait : Vous qui passez pour sage.
D’où vient que vous avez perdu dans cet ouvrage
Trois ans de votre temps, votre argent et vos soins ?
Est-ce être raisonnable ? On vous blâmerait moins,
Si vous établissiez quelques droits de péage.
Mais non ! tout étranger qui se repose ici
N’a pas même en partant à vous dire : Merci.
Le dévot dit : A Dieu ne plaise
Que tous les voyageurs n’y boivent à leur aise.
Ce fut l’objet de mes travaux,
Et j’en perçois péage en deux prix assez beaux :
Le plaisir d’avoir fait le bien, et l’espérance
D’en recevoir au ciel l’heureuse récompense.
“La Dévotion”