Sur le ton de l’allégorie
Une Fauvette un jour chantait.
Simple et sans nulle afféterie,
Sur les sots et les fous son humeur s’exerçait:
C’est rire de chacun, et pourtant de personne;
La volatile était si bonne
Que sa voix s’égayait sur ses propres défauts.
Son chant déplut à quelques Etourneaux :
— Entendez-vous la pédagogue,
Criaient les plus vains des oiseaux,
Qui nous siffle dans l’apologue ?
Croît-elle , avec ses chiens, ses chats et ses oisons,
Nous cacher le dessein d’une amère satire ?
De nous a-t-elle droit de rire ?
Devons-nous souffrir ses-chansons?
Grand débat sur ces questions .
Et pourquoi pas, dit-on , si la nature
Lui départit quelque filet de voix ?
Instruire, ou se permettre une sage censure ,
Est-ce un mal ? C’est un bien, je crois.
Puis, le prend-elle en style académique ?
A Philomèle elle céda toujours;
Laissons la chanter les beaux jours,
Même pardonnons lui quelques traits de critique ;
Ou, pour nous en venger, croyez-moi, chantons mieux :
C’est ainsi que devraient faire les envieux.
Dès-lors de la Fauvette on souffrit la musique.
“La Fauvette et la bande d’Etourneaux”