Vers la cime des Pyrénées,
Des gorges de Carol s’échappe un beau torrent,
Ses eaux semblent rouler le cristal et l’argent,
De prés et de bosquets ses rives sont ornées.
Là, sous l’ombrage des ormeaux,
Au sein de la plaine fleurie,
Au bruit des murmurantes eaux,
Tout invite à la rêverie.
Sur ces bords, un jour, soupirait
Une fauvette
Triste et seulette,
Et dans un arbre épais plaintive se cachait.
A sa compagne, hélas ! à sa tendre couvée.
L’orage l’avait enlevée,
L’emportant éperdue au delà des hauts monts.
«Vous que je chéris» disait-elle,
«En vain, au sein de ces vallons,
«Chaque jour ma voix vous appelle
«Le seul écho répond en gémissant
«El l’envoie à mon cœur son douloureux accent.
«Pourquoi la prodigue nature
«A-t-elle de ses dons décoré ces beaux lieux ?
«Loin de vous, leur parure
«Sans cesse importune mes yeux.
«Qui saura compatir à ma peine cruelle?»…
Une blanche colombe, à ces mots, auprès d’elle
Tout à coup arrête son vol.
«Je viens, au bosquet de Carol,
«Te visiter, ma douce amie.
«J’ai vu ta compagne chérie
«Et tes petits près d’elle gazouillant.
«Je t’enseignerai le voyage,
«Ne craignons plus le noir orage.
«A l’horizon lointain, vois dans le firmament
«Le présage enchanteur de l’arc-en-ciel qui brille :
«Reviens trouver la paix au sein de la famille.»
“La Fauvette séparée de sa famille”