Sous le poids de ses maux un mari succombait :
Sa maladie était mortelle ;
Et sa femme encor jeune et belle
Très-vivement se lamentait :
« Mort barbare, s’écriait-elle,
« Auras-tu bien la cruauté
« D’enlever un époux si cher, si regretté,
« À l’épouse la plus fidèle?
« Ah ! si les destins en courroux
« Veulent une victime, arrête,
« Frappe , frappe-moi, je suis prête,
« Heureuse de sauver les jours de mon époux. »
La mort à sa plainte accourue,
Elle lui dit alors, le cœur rempli d’effroi :
« 0 mort! ce n’était pas pour moi,
« Qu’avec tant do ferveur j’implorais ta venue,
« Mais bien pour ta victime en ce lit étendue ;
« Prends-la vite et retire-toi. »
Ne croyez pas toujours à ce vain étalage ,
De cris, de gestes, de douleur;
Les chagrins vrais, ceux qui partent du cœur,
Ont bien un tout autre langage.
“La Femme, son Mari et la Mort”