Victorin Fabre
Homme de lettre, poète et fabuliste XVIIIº – La Fleur, Zéphire et son Rival
Zéphire et le fumier se disputaient le cœur
D’une bonne petite fleur
Qui n’avait jamais eu d’épines.
Zéphire dit : ” C’est moi qu’appelle son souris :
Mon souffle, qui lui donne un si frais coloris,
Est sa vie, et…..”—”Tout beau ! dit l’autre, tu badines ?
On ne vit pas de l’air. Elle te fait des mines;
Tu lui donnes du vent : mais moi, je la nourris;
Et je la tiens par les racines. »
Vraiment, dignes rivaux, c’est pour vous grand honneur !
Mais on dit qu’une belle à la vôtre pareille
Est au bal : moi, j’y cours. Quel est ce beau danseur
Qui présente la main à la jeune merveille,
Et qu’on refuse avec faveur ?
C’est le doux zéphyr de la veille.
Et ce gros financier, qui lui parle à l’oreille ?
Le fumier qui nourrit la fleur.
La Fleur, Zéphire et son Rival, Vixtorin Fabre