La Sarcelle, dans les fables de Jean de la Fontaine :
Cette connaissance des bêtes manque souvent aux autres fabulistes. Florian a fait de la sarcelle une tendre et ingénieuse amie. Les délicatesse de cœur, les gracieuses effusions de sentiment, la piété fraternelle, ne conviennent guère à la physionomie malicieuse et à la jolie démarche du léger oiseau. Il est trop coquet pour être sentimental, et personne ne le reconnaîtrait dans ces vers :
Le Lapin et la Sarcelle
Unis dès leurs jeunes ans
d’ une amitié fraternelle,
un lapin, une sarcelle,
Le Lapin et la Sarcelle vivoient heureux et contents.
Le terrier du lapin étoit sur la lisière
d’ un parc bordé d’ une rivière.
Soir et matin nos bons amis,
profitant de ce voisinage,
tantôt au bord de l’ eau, tantôt sous le feuillage,
l’ un chez l’ autre étoient réunis.
Là, prenant leurs repas, se contant des nouvelles,
ils n’ en trouvoient point de si belles
que de se répéter qu’ ils s’ aimeroient toujours.
Ce sujet revenoit sans cesse en leurs discours.
Tout étoit en commun, plaisir, chagrin, souffrance ;
ce qui manquoit à l’ un, l’ autre le regrettoit ;
si l’ un avoit du mal, son ami le sentoit ;
si d’ un bien au contraire il goûtoit l’ espérance,
tous deux en jouissoient d’ avance.