Eugène Mazelle
Homme de lettres et fabuliste XIXº – La Girouette
Un jour Colas considérait
Une changeante girouette,
Et, le nez en l’air, admirait
Combien cette machine est mobile… et sujette
A céder en arrière, à céder en avant
Au souffle insensible du vent.
Un compère de connaissance,
(Bonhomme qu’au village on tenait pour malin),
Se trouvant là par occurrence,
Lui dit : « Tu contemples, Colin,
Cette tôle agile et légère
Qui, flottant sur son axe au sein de l’atmosphère,
Se meut et marque à tout moment
Des inconstants zéphyrs le moindre changement!…
Mais je puis te montrer merveille plus vantée,
( Par un art tout divin autrefois inventée ) :
La girouette assise au haut de ta maison,
Selon que le vent souffle en certaine façon,
En un sens se meut, change et vire;
Celle de mon logis (c’est le point qu’on admire)
S’agite et tourne sans raison!….
C’est ma femme que je veux dire. »
Eugène Mazelle