La fille de l’hiver, la glace transparente ,
Dit un jour à l’astre des cieux :
Dieu puissant, exauce mes vœux ;
De la couronne étincelante
Qui parc ton front radieux,
Fais rejaillir sur moi la splendeur éclatante :
Fais-moi briller de mille feux ! »
Elle dit : le soleil, sensible à sa prière,
Soudain accroît l’éclat de ses rayons brillans;
Des nuages légers sur l’horizon flottans
Il chasse loin de lui la foule passagère :
Déjà le ciel est pur comme aux jours du printemps,
Et la terre d’abord , languissante et glacée.
Dépouillant les frimais dont elle est hérissée ,
Semble sourire aux rayons bienfaisans.
Tout-à-coup la glace étincelle :
De l’or et de l’azur elle emprunte les feux,
Et défiant l’éclat des cieux ,
S’enorgueillit de sa splendeur nouvelle.
Mais, hélas ! elle brille et fond en même tems.
Tandis que répandant des torrens de lumière,
Elle croit l’emporter sur la nature entière,
La perfide chaleur sape ses fondemens.
La force des rayons l’entrouvre et la divise :
Vainement sa surface au loin couvre les flots ;
Son propre poids l’accable ; elle gémit, se brise,
Et se disperse au sein des eaux.
Amis , dans le siècle où nous sommes,
Que de glace parmi les hommes !
“La Glace et le soleil”