Kivou-Voudré
La grenouille et le crapaud
Ah, comme au bon vieux temps, si les bêtes parlaient !
Qu’une cycliste en son chemin
Rencontrât un crapaud lui crachant son venin
Oyez les doux propos qui lors s’échangeraient.
A l’animal qui s’approche et la voit
La belle dit d’une très dure voix :
« Qu’as-tu, sale crapaud, vil excrément du monde
A me dévisager de ta prunelle ronde ?
Le printemps te fait-il abandonner ton trou,
Et, malgré ta laideur, le goitre de ton cou,
L’amour te pousse-t-il vers quelque crapaudine ?
L’atteindre est ton seul but, n’est-ce pas, je devine ?
— Oui, répond le crapaud. La saison de planter
Est venue et je sème afin de récolter.
Moi, comme il faut aussi gagner sa pauvre vie,
Je chasse la vermine et je n’ai nulle envie
Qu’on dise qu’ici-bas je ne suis bon à rien
Ainsi que toi grenouille,
Qui viens me chanter pouille
Et ne vaut certes pas les quatre fers d’un chien !
La morale de ce mythe
Ou figure une, marmite
Est évidente, ma foi !
On est souvent mouché par plus petit que soi.
Kivou-Voudré