Une grenouille extrêmement maigre, n’ayant que la peau et Tes os, se mit en tête de passer pour médecin, et sortant de son marais, elle publia qu’elle savait guérir toutes sortes de maux ; les animaux s’assemblèrent autour d’elle. Amis, dit elle, ne craignez plus les maladies : j’ai un remède infaillible pour guérir radicalement les plus invétérées ; c’est un spécifique universel que j’ai trouvé après plus de cinquante ans de pratique et d’expérience : je veux le rendre public pour le bien de la race animale. Un renard, examinant de près la figure de la grenouille, lui dit avec un air de mépris : Commère, apprenez au moins à parler : votre jargon est inintelligible. Mais de grâce, dites-moi, comment osez-vous prétendre guérir les autres ? puisque vous ne pouvez vous guérir vous-même de votre voix rauque, de vos joues maigres, et de votre corps couvert de pustules.
Médecin, guéris-toi toi-même, est un proverbe confirmé par cette fable. On doit être exempt des défauts que l’on voudrait corriger dans les autres.
“La Grenouille et le Renard”