Dame guenon, accoutumée à voir
Sa maîtresse, vieille et coquette,
Artistement, matin et soir,
Recrépir un hideux squelette,
Prit fantaisie, un certain jour
Qu’elle étoit au logis seulette,
De se camper à sa toilette
Et de s’attifer à son tour.
Voilà bientôt tout au pillage.
Pois et cartons ouverts et renversés ;
Tous les trésors de l’art, sur l’autel dispersés,
Et dont dame guenon fait un comique usage.
La houppe, le pinceau, vont d’abord leur chemin.
Étalent sur son poil la poudre et le carmin ;
Après, la fine mouche
Se place avec orgueil
Dessous le nez, auprès de l’œil,
Aux deux coins d’une énorme bouche;
Et ma guenon, comme on pense aisément,
A force d’art, de s’enlaidir d’autant.
Sa maitresse survient pendant ce badinage,
La fait fuir par ses ris, et puis tranquillement,
Joue à sa place un pareil personnage,
Sans soupçonner qu’elle n’est pas plus sage.
Ah ! que vous feriez bien, trop tranquille guenon,
De revenir soudain, et d’éclater de rire !
Mais corrigeriez-vous cette coquette? Non.
Elle vous renverroit les traits de la satire.
“La Guenon et la vieille Coquette”