Un renard reprochait à une lionne de ne jamais mettre au monde qu’un seul petit. « Un seul, dit-elle, mais un lion. »
[quote style=”1″]Il ne faut pas mesurer le mérite sur la quantité, mais avoir regard à la vertu.[/quote]
- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
La Truie et la Lionne
L’animal que l’Hébreu regarde comme immonde,
Mais qu’au westphalien canton
L’on prise et chérit à la ronde,
La truie, épouse du cochon ,
( Car il faut appeler les choses par leur nom )
Est, on le sait, toujours féconde.
Elle venait de mettre au monde
Douze petits. L’orgueil facilement gagne le cœur des mères ;
Celle-ci, prenant les manières,
De Niobé parcourant le pays,
Parle de son bonheur. Elle voit la lionne :
« Que je vous plains! quoi, vous n’avez qu’un fils?
« Ah ! dit-elle, Reine, à ce prix,
Point ne voudrais d’une couronne, »
— « Un seul !.. répond l’imposante personne,
” Mais sachez que c’est un lion. ”
Dorat avait l’ambition
De produire beaucoup d’ouvrages…
Il a perdu toute célébrité.
Le seul Anacharsis, à l’immortalité.
Porte Barthélemi, le modèle des sages.
Une stérile quantité
Peut-elle nous valoir de solides suffrages ?
Croyez-moi, le mérite est dans la qualité.
- Goswin Joseph Augustin, baron de Stassart – 1780 -1854
La Truie et la Lionne
Fière des dix gorets qui la suivaient au bois,
La truie un jour à la lionne Disait :
« Oh ! qu’est-ce que je vois !
N’auriez-vous donc qu’un fils, ma bonne?
— Un seul; mais, s’il vous plaît, faites attention,
Madame, que c’est un lion, »
Cette truie est monsieur tel ou tel dont la plume
Entasse tous les jours volume sur volume.
Le vulgaire applaudit une fécondité
Qui l’enchante et dont il s’étonne ;
Mais les vrais gens de goût, pareils à ma lionne,
Préfèrent à la quantité
La qualité.
- Claude-Théophile Duchapt – 1802 – 1858
La Lionne et la Truie
Devant mère lionne, un beau jour mère truie
S’applaudissait de sa fécondité.
On ne vous porte point envie,
Lui dit enfin sa majesté.
Si, pour vous, comme le publie
Votre sotte rusticité.
Le nombre fait la qualité :
Triomphez à loisir, ce bonheur vous regarde.
Je n’ai qu’un fils, moi, mais c’est un lion.
Nos romanciers n’auront garde
De comprendre l’allusion.
- Jacques-Melchior Villefranche – 1829 – 1904