La nuit avait du jour effacé la clarté.
Phébé, du firmament paisible souveraine.
Venait à son char argenté
D’atteler ses coursiers d’ébène,
Et roulait avec majesté
Dans les champs de l’immensité.
Habitantes de l’empyrée.
Les étoiles formaient sa cour ;
Et leurs feux scintillans de la voûte éthérée
Diamantaient au loin le spacieux contour.
Phébé considérait cette cour radieuse,
Quand elle vit passer certaine voyageuse,
Vers les sphères du sud dirigeant son essor,
En laissant ondoyer sa chevelure d’or.
C’était une Comète errante et vagabonde,
Qui peut-être, en ce moment-là,
Arrivait des confins du monde.
Phébé, d’un ton affable, en ces mots lui parla
Où courez-vous, belle étrangère,
Dans l’obscurité de la nuit?
S’il faut en croire un certain bruit,
Vous allez annoncer, sinistre messagère,
Au genre humain épouvanté
Quelque affreuse calamité.
Moi ! répondit en son langage
L’astre aux cheveux dorés, porter pareil message
Eh ! grands dieux ! lorsque au ciel je poursuis mon chemin,
J’ignore s’il existe au monde un genre humain.
Quel est le globe qu’il habite?
— C’est, si vous voulez le savoir,
Cette planète, assez petite,
Qui roule sous nos pieds.
— J’ai peine à concevoir
Que l’homme, de ce point, puisse m’apercevoir.
— Il fait bien plus; sur vous malignement il glose.
Aux peuples consternés votre aspect est fatal.
Des guerres, suivant eux, vous donnez le signal.
Si la peste survient, la Comète en est cause.
La Comète fait tout le mal.
— O Jupiter! quelle méchante racé !
Que le cœur des humains me paraît odieux !
Avec quelle insolente audace
Ne doivent-ils donc pas se déchirer entre eux,
Puisque leurs traits calomnieux
Viennent m’atteindre même au milieu de l’espace!
“La Lune et la Comète”