Une mère en courroux réprimandait son fils;
C’était en elle une manie.
Vous serez un vaurien, un vaurien pour la vie ;
C’est moi, c’est moi qui le prédis.
Toujours prête à frapper sa main était levée ;
Le fils craintif ne bougeait pas.
Votre tâche est-elle achevée ?
Hein! que marmottez-vous tout bas?
Drôle, butor, mauvaise tête!
Comment êtes-vous fagoté?
Votre habit neuf est tout crotté.
Pourquoi négliger sa toilette ?
Je veux connaître vos amis.
Où courez-vous en sortant du logis ?
Pensez-vous vivre à votre guise ?
Je vous habillerai, monsieur, de toile grise.
Travaillez, travaillez; vous êtes assez fort.
Vous voulez dissiper le bien de votre père,
Ruiner votre pauvre mère.
J’aimerais mieux vous voir dans les bras de la mon.
Je vous l’ai dit cent fois, nous sommes sans richesse
De peur d’augmenter son courroux,
Le fils ne disait rien, et souffrait sa rudesse ;
Il aurait supporté ses coups.
Un jour on lui disait : Fuyez cette tigresse :
— Ah! quel conseil me donnez-vous!
Aimant !a réprimande, on aime la sagesse.
“La Mère et son Fils”