Une mouche vive et légère,
Et friande… comme un docteur,
Tout en courant, aperçoit certain verre
De la plus exquise liqueur,
Liqueur faite pour un chanoine,
D’autres prétendent pour un moine;
N’importe. En 3on étroit cerveau
La mouche imagina de s’en donner la joie :
Qu’arrive-t-il ? Elle y tombe, et se noie;
Cet océan fut son tombeau.
Voilà le fruit de l’imprudence,
S’écriait un cousin en faisant le Caton;
Que n’a-t-elle voulu suivre en tout ma leçon !
S’enivrer! ah ! vraiment, la sotte jouissance!
Combien, moi, je bénis mon sort!
Je n’aime que l’éclat, il embellit ma vie;
Pour moi la gloire est tout. A ce noble transport,
Notre insecte héros voltige à l’étourdie
Et s’approche d’une bougie :
Bientôt il y trouva la mort.
L’homme est fait tout de même; et tel qui se croit sage,
Tel qui se rit des malheurs du voisin,
Seulement change de chemin
Pour faire un semblable naufrage.
“La Mouche et le Cousin”
- Goswin Joseph Augustin, baron de Stassart, 1780 – 1854