Un paysan, dans l’herbe du marais
Ayant trouvé des œufs de canne voyageuse,
Les glissa dans le nid d’une poule couveuse
Au lieu des siens pondus tout frais.
La poule étant peu curieuse
Ne s’aperçut point de ce tour.
Tant et si bien elle couva, qu’un jour
De petits canetons une bande joyeuse,
S’échappant de son nid, peupla la basse-cour.
Il faut voir comme elle est active
Et les entoure de doux soins ;
Comme, alerte, attentive,
Elle veille à tous leurs besoins !
Mais parmi l’espèce emplumée,
Tout comme chez nous, pauvres gens,
On n’est pas jeune bien longtemps.
De se voir ainsi renfermée
La bande lasse, un beau matin,
Partit, confiante en son aile,
Pour voir en un pays lointain
Si la nature était plus belle. ‘
En vain la poule les appelle :
Les ingrats ne l’écoutent pas.
Ils sont déjà bien loin, planant sur la vallée,
Laissant la pauvre désolée
Remplir les airs de ses hélas. —
Tais-toi! dit un vieux coq au ton aigre et sévère,
( C’était du lieu l’un des doyens)
Tu mérites ton sort, toi qui, mauvaise mère,
Couves les œufs d’une étrangère
Et te laisses voler les tiens. —
“La Poule et la couvée de Canards sauvages”