Par la maîtresse, un beau matin,
Certaine poule, du jardin
Se vit honteusement chassée.
De ce sensible affront, Cocote courroucée
Jura de s’en venger. Quand ? dès le lendemain.
En effet, lorsqu’elle eut, au lever de l’aurore,
Déposé son œuf en son nid,
La vindicative pécore
Vite le casse, et s’en nourrit.
Même chose dix jours de suite.
La maîtresse à la fin s’irrite.
Puisque vous refusez de payer votre écot,
Dit-elle en la prenant, retenez bien ce mot :
Poule qui ne pond pas ne doit plus manger d’orge.
On l’envoya bouillir au pot.
Ceci nous fait voir l’imprudence
De ceux qu’aveugle la fureur ;
Et c’est ainsi que la vengeance
Tombe souvent sur son auteur.
“La Poule et la fermière”