Voyez ce puits fatal… C’est là qu’un de vos frères,
En voulant essayer ses ailes téméraires,
S’est lui même jeté dans les bras de la mort.
Si vous en approchez, craignez le même sort…
Dame Poule autrefois adressa ce langage
Au coq, son fils. il promet d’être sage,
Tandis que dans son cœur il forme le désir
De s’approcher du puits, et de désobéir,
A quoi bon l’ordre de ma mère ?
Dit-il, elle est vieille, elle a peur.
Mais dois-je respecter une vaine terreur ?
Un Coq doit- il trembler, comme une âme vulgaire ?
Le beau conseil ! suis-je un lâche à ses yeux ?
A-t-elle contre moi des soupçons odieux ?
Peut-être aussi qu’ayant du grain de reste,
Ma mère l’a caché dans le fond de ce puits,
Et qu’elle le destine à ses plus jeunes fils.
– Volons, volons vers ce lieu si funeste…
Il dit, il vole ; il arrive d’abord
Au puits fatal ; et perché sur le bord,
Il se baisse, il voit son image…
Que vois-je… C’est un Coq. Vraiment, il se nourrit
Des grains cachés. Oh ! je l’avais bien dit.
Voyons qui de nous deux en aura davantage…
A l’instant il s’élance, et trouve, au lieu de grain,
La mort. Jeune étourdi, qu’on avertit en vain,
Cette fable est pour vous. Tâchez d’en faire usage.
“La Poule et le jeune Coq”