Timoléon Jaubert
Poète, magistrat et fabuliste XIXº – La prière et le travail
En Espagne, pays de soleil, de paresse,
Vaste champ qui du soc ignore les sillons,
Où bandit le matin, le soir on se confesse,
Dans un couvent chantaient moines et moinillons.
Ils priaient pour la pluie. Inclinant leur échine,
Ils invoquaient saint Roch, saint Médard, saint Gervais ;
Ils se plaignaient surtout de Sainte Catherine ;
Mais pour sûr, ils chantaient au frais.
Mes révérends, dit un arbuste,
Certes, j’ai dans vos chants la foi la plus robuste,
Mais j’étouffe. Pour moi le cas n’est pas nouveau ;
Tout près d’ici j’entends bouillonner deux rivières ;
Et, s’il faut parler net, à toutes vos prières
Je préfère une goutte d’eau !
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Je ne viens pas, semant des paroles amères,
Lâchement outrager la prière et les cieux.
Ainsi prier est bien. Priez, mes très chers frères.
Prier et travailler serait encore mieux.
Timoléon Jaubert