David Di Paolo
Fabuliste contemporain – La promesse
La grande fourmi reine, en entière empathie,
Senti l’intense famine des ouvrières
Qui de la sécheresse estivale ont pâti.
Elle s’exprima donc, en souveraine fière :
« Mes ouvrières… Que dis-je ? Mes chères filles,
Vous avez tant souffert, toutes dans vos quartiers.
L’extrême rudesse de l’été vous titille,
Mais soyez heureuses de votre beau métier !
Je vous l’affirme fort : pour vous ragaillardir,
Gardez vos ambitions et restez bien « focus ».
Non, votre implication ne doit jamais faillir :
Travaillez toujours plus et vous mangerez plus ! »
La promesse d’abondance et de mieux encore
Fit qu’à la fin, toutes les fourmis se tuèrent
A cette tâche sans ménager leurs efforts
Sous les encouragements ardents de leur mère…
Tandis que toutes les cigales profitèrent,
Les fourmis nous laissèrent à cet enseignement :
A la gagner, nous passons notre vie entière…
Est-ce réellement un choix très pertinent ?
Mais peu importe, car la reine dégota
Parmi la jeune génération qui suivit
D’autres volontaires remplissant son quota
Des esclaves dédiées à sa panse remplie
David Di Paolo