Ainsi que la vague rapide
D’un torrent qui roule à grand bruit,
Se dissipe et s’évanouit
Dans le sein de la terre humide,
Ou comme l’airain enflammé
Fait fondre la cire fluide
Qui bouillonne à l’aspect du brasier allumé:
Ainsi leurs grandeurs éclipsées
S’anéantiront à nos yeux;
Ainsi la justice des cieux
Confondra leurs lâches pensées.
Leurs dards deviendront impuissants,
Et de leurs pointes émoussées
Ne pénétreront plus le sein des innocents.
Et de ces langues diffamantes,
Dieu saura venger l’innocent.
On le verra, ce Dieu puissant,
Foudroyer leurs têtes fumantes;
Il vaincra ces lions ardents,
Et dans leurs gueules écumantes
Il plongera sa main et brisera leurs dents.
Ceux qui verront cette vengeance,
Pourront dire avec vérité
Que l’injustice et l’équité
Tour à tour ont leur récompense;
Et qu’il est un Dieu dans les cieux,
Dont le bras soutient l’innocence,
Et confond des méchants l’orgueil ambitieux.
“La punition des Méchants”
Jean-Baptiste Rousseau – 1670 – 1741