Un dogue se battait avec un chien danois,
Pour moins qu’un os, pour rien ; dans le temps où nous sommes,
Il faut presqu’aussi peu, je crois,
Pour diviser les chiens que pour brouiller les hommes.
L’un et l’autre était aux abois ;
Écorché par mainte morsure.
Entamé par mainte blessure.
L’un et l’autre eût cent fois fait trêve à son courroux,
Si l’impitoyable canaille,
Que la querelle amuse, et qui jugeait des coups,
N’eût cent fois en sifflant rengagé la bataille.
Le combat des Titans dura, dit-on, trois jours :
Celui-ci fut moins long, sans être des plus courts.
J’ignore auquel des deux demeura l’avantage,
Mais je sais qu’en héros chacun d’eux s’est battu ;
Et pourtant des oisifs le sot aréopage
S’est moqué du vainqueur autant que du vaincu.
Gens d’esprit, quelquefois si bêtes,
Loin de prolonger vos débats ,
Songez que vos jours de combats,
Pour les sots, sont des jours de fêtes.
“La Querelle des Chiens”