Les animaux n’ont en partage
Qu’un instinct ; l’homme a la raison :
Mais voyons par comparaison
S’il en fait un meilleur usage.
De tout temps le peuple poisson
Se laissa prendre à l’hameçon
Ou dans des rets garnis de liège ;
Le renard tomba dans le piège ;
La gent ailée en des filets.
Mais si de ces funestes rets
L’un de ces malheureux s’échappe,
Est bien adroit qui l’y rattrape.
L’homme, par la raison guidé,
Ce qu’on auroit peine à comprendre,
Souvent, hélas ! se laisse prendre
Aux pièges de la volupté ;
La volupté, cette sirène
Qui, sous un accueil enchanteur,
Cache avec un art séducteur
L’écueil où sa voix nous entraîne.
Sans vouloir prendre un triste ton,
De cette fable que conclure ?
Qu’en certains hommes la raison
Est un guide souvent moins bon,
Que chez les animaux l’instinct de la nature.
“La Raison et l’Instinct”