Certaine Reine-Abeille avait fait une absence
Dans l’intérêt de ses sujets.
Favorisé par cette circonstance,
Un frelon, méditant de coupables projets,
Avait eu dans la ruche un trop facile accès.
Guidé par son mauvais génie,
Il sut hélas ! avec trop de succès
Troubler et tordre l’harmonie
Etablis par les lois et surtout par le temps :
Pour opérer le mal il faut si peu d’instans !
De la Reine combien la douleur fut amère,
Quand elle vit ce changement !
« Qui donc a conseillé ce bouleversement, »
Dit-elle d’une voix qu’animait la colère ? »
Mille cris aussitôt disent : C’est le frelon !
» Dieux ! le frelon ! qu’on le saisisse,
« Dit-elle, et qu’à mes yeux à l’instant il périsse.
La mort suivit la condamnation ;
Et la ruche, rentrant dans la soumission.
Grâce à cet acte de justice.
Recouvra les douceurs de son destin propice.
Par un supplice mérité
Des révolutions quand on sauve un empire,
Punir est un devoir, et, j’oserai le dire,
En ce cas, la clémence est de la cruauté.
“La Reine-Abeille “