Une ronce à tige épineuse ,
Près de l’arbrisseau de Bacchus
Conduisit tellement sa marche tortueuse,
Et du sol nourricier pompa si bien les sucs,
Que la vigne sans nourriture
Etait près de périr. Dans su triste aventure
Elle implora les soins du jardinier ,
Mais de la ronce il craignait la piqûre :
Il plaignit son malheur, et la laissa crier ;
Je n’en peux, mais c’est là le refrain ordinaire.
Bref, la vigne en mourut. Sa rivale, au contraire,
Pompeuse et verdoyante, étale à tous les yeux
Sur les pampres détruits, son feuillage orgueilleux.
La vigne, en périssant, la pria de lui dire
Ce qui pût leur causer un sort si différent.
— J’étais pourtant utile ? — Utile, oui vraiment;
Mais moi je rampe et je déchire.
“La Ronce et la Vigne”
- Alexandre Coupé de Saint-Donat- 1775-1845