L’haleine des zéphirs et les pleurs de l’Aurore,
Sous un ciel azuré venaient de faire éclore
Une Rose déjà digne du plus beau sein,
Digne qu’un jeune amant l’y plaçât de la main.
Flore, avec un souris, admire son ouvrage
Dans ce bouton épanouï,
Qui flatte l’odorat, dont l’œil est éblouï,
Dont l’éclat doit fixer le papillon volage.
Pâris eût à Junon trouvé mille beautés.
Si Junon eût alors à ses yeux enchantés
Fait briller cette fleur nouvelle ;
Vénus en eût aussi paru cent fois plus belle :
Mais toute fleur manquait aux trois Divinités.
Un Berger, galant personnage,
Galant, discret, et rien de mieux,
Vit, en cueillant des fleurs, le bouton précieux.
Ce serait, disait-il, dommage
D’aller à présent le flétrir :
Cette fleur s’ouvre à peine aux baisers du zéphir :
Laissons-la jusqu’au soir déployer davantage
Les trésors qu’elle cache en son sein fortuné.
Cet homme assurément n’avait pas grand génie.
Le soir vint, il fut étonné
De trouver la Rose flétrie.
Maint frêlon étourdi, moins que lui délicat,
En avait passé son envie.
De leur reste il fallut, pour punir sa folie,
Que le galant s’accommodât.
“La Rose”