Une rose, un peu trop coquette,
Trônait au haut d’un frais buisson,
Fière d’avoir fait la conquête
D’un jeune et naïf hérisson.
Le pauvret, ébloui des appas de la belle,
N’osait lever les yeux ;
L’amour avait troublé sa petite cervelle ;
Il ne savait que dire, et pourtant, tout joyeux,
Il faisait mille efforts pour être gracieux.
Mais, d’un tel amoureux, la rose, bientôt lasse,
Lui fit la grâce
De l’accabler de ses rigueurs
Et de le transpercer de ses regards moqueurs.
L’innocent sut souffrir, et cela, sans mot dire.
Le temps vint le venger. La rose se fana.
Et le beau papillon qu’on avait vu reluire
Autour du vert buisson, un beau jour s’en alla.
Alors le hérisson vint et la consola.
Les femmes, trop souvent, aiment, comme la rose.
Les beaux habits des papillons.
Pour elles, le mérite est toujours peu de chose
Près des rubans et des galons.
“La Rose et le Hérisson”