Une femme eut jadis besoin d’une servante.
Nanette aussitôt se présente.
« Ça, Nanette, que savez-vous ?
— Madame, vous serez contente.
Depuis un an un jour je suis hors de chez nous.
J’ai servi quatre mois, sans reproche, une dame.
Ah ! c’était bien la plus méchante femme !
Elle boudait, elle grondait toujours.
— Après, Nanette ; ce discours
Ne m’apprend pas ce que vous savez faire.
— Ensuite j’ai servi trois mois un procureur.
Dont la maison ne me convenait guère.
Madame n’aimait pas Monsieur :
En revanche, son clerc… — Passons, passons, Nanette ;
Que m’importent ces gens ? Venons au fait enfin :
Savez-vous acheter ? — Je quitte un médecin.
Dont la femme n’est pas tout à fait si coquette ;
Mais lui, madame, ah ! c’est le plus grand libertin :
Il a vingt fois tenté de me séduire ;
Et si je n’avais eu de l’honneur. Dieu merci…
— Nanette, c’est assez ; je ne veux plus m’instruire :
Vous n’entrerez jamais ici.
— En quoi puis-je donc vous déplaire ?
Reprit Nanette alors ; mon talent, le voici :
Je suis sobre, fidèle, active et ménagère ;
Je sais coudre, filer, faire de bons ragoûts.
— Oui, mais vous jasez trop ; ce n’est point mon affaire ;
Qui dit du mal d’autrui peut en dire de nous.
“La Servante”