Pierre Julien ( 1731–1804)
Pierre Julien, né à Saint-Paulien le 20 juin 1731 et mort à Paris le 17 décembre 1804, est un sculpteur néo-classique français.
- Quatrain mis au pied de la statue de La Fontaine, lors de son exposition au Louvre.
Le voilà ce roi des auteurs ,
Qui ne se crut jamais digne de notre hommage.
D’où vient ce ris naïf qu’on voit sur son visage?
De qui se moque-t-il ? De ses admirateurs.
Anonyme
Julien (Pierre), statuaire célèbre, M. Le Breton, secrétaire perpétuel de la classe des beaux-arts de l’Institut, à laquelle Julien appartement, s’exprimait ainsi dans l’éloge de cet artiste, qu’il prononça le 28 septembre 18o5 :
« Julien eut la gloire et le bonheur d’exécuter la statue de La Fontaine… Quelque sujet qu’on lui eût donné, il aurait toujours bien mérité de l’art; mais celui-ci seul renfermait pour Julien l’occasion de se caractériser lui-même, en ne s’occupant que du caractère de son modèle: car, par une rencontre extraordinaire, Julien fut peut-être, de tous les hommes, celui qui a le plus ressemblé à La Fontaine.
Tout ce que son ciseau a produit se distingue par la naïveté, la simplicité, la grâce de l’exécution, par la finesse et une certaine profondeur de pensée. Mais c’est principalement dans cette statue qu’on trouve toute leur ressemblance. Certes, il fallait avoir une portion du même génie, du même esprit, pour animer le marbre au point où il l’est dans la tête. On est retenu devant elle par un charme qu’on ne se définit point : on ne pense pas à l’admirer, car rien n’étonne; mais, quand on la quitte, on l’aime et Ton aperçoit qu’on l’admire aussi : c’est comme si l’on venait de lire La Fontaine tout entier. Involontairement l’on s’est demandé de laquelle de ses compositions l’inimitable semble si occupé? Est-ce bien, comme on l’assure, de la fable du renard et des raisins? Pourquoi ne serait-ce pas de l’apologue toujours si vrai de l’huitre et des plaideurs ?…..Non,
sa pensée paraît plus profonde : c’est de l’apologue du loup et de l’agneau,…. du paysan du Danube,…. de l’homme et de la couleuvre… Mais un sourire va naître : il annonce la naïveté, la malice : il songe à Pérette…? Peut-être la matrone….? Joconde….? Je me trompais : une nuance de sensibilité domine dans sa physionomie : ah ! il fait la fable des deux amis ! il en est a ces vers : je suis vite accouru : ce maudit songe en est la cause! Il faut renoncer à deviner, et convenir encore une fois que l’artiste a exprimé tout La Fontaine. Il lui a donné le sentiment, la pensée, le caractère; il atteint le dernier but de l’art, il touche le cœur, et intéresse l’esprit. Comme le statuaire de la fable, Julien auroit pu dire d’un bloc de marbre ; Il sera dieu ! »
A La Fontaine, Le Connaisseur et les Rejetons
Chéri de Pomone et de Flore,
Un bel arbre avoit fait grand bruit
Et par ses fleurs et par son fruit ;
Mais le temps , dont la faux dévore
Les objets les plus précieux,
Détruisit par degrés cet arbre aimé des deux.
De foibles rejetons qui subsistaient encore,
Loin de se voir multipliés ,
Languissoient, périssoient, tristement oubliés.
Heureusement, sur son passage,
Un philosophe les trouva.
Quel trésor véritable échappe aux yeux du sage ?
Avec soin il les conserva.
Transportés, grâce à lui, dans un terrain fertile,
Ils prouvèrent bientôt que la Divinité,
De ce que l’on croit inutile,
Fait le bien de l’humanité.
ENVOI.
Breteuil, laissons aux cœurs ou de bronze ou de marbre,
L’oubli des qualités qu’en toi nous respectons ;
Celui qui jugea si bien l’arbre
Devoit soigner les rejetons.
Anonyme
- Poésies diverses d’Antoine de Rambouillet de la Sablière et de François de Maucroix: et hommages poétiques à la Fontaine, avec les vies de la Sablière et de Maucroix, des notes et des éclaircissements – Charles Athanase Walckenaer – 1825 (La statue de La Fontaine)
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