Vous m’avez dit que chaque année
Noël vient par la cheminée
Dans toutes les maisons sans bruit,
Aussitôt qu’arrive la nuit.
Pourquoi donc, maman, par la porte
N’entre-t-il pas, puisqu’il apporte
Aux enfants de si beaux joujoux ?
Ce serait un plaisir pour nous
De le guetter à son passage.
Noël sans doute a bon visage ;
Pour voir un seul instant ses traits
Bien volontiers je veillerais ;
J’attendrais, l’oreille attentive
Et les yeux ouverts, qu’il arrive;
Puis, dès qu’il entrerait ici
Je lui dirais : « Noël, merci ! »
— Très-bien ; mais pour le reconnaître
Comment ferais-tu?— C’est peut-être
Un lutin fuyant les regards ?
Ressemble-t-il à ces vieillards
Laissant flotter leurs barbes grises
Sur cet arbre plein de surprises
Qu’on trouve chez les confiseurs?
Est-ce un Génie, un enchanteur,
Ou, comme le dit ma grand’mère,
Est-ce Jésus qui sur la terre ;
Vient pour faire à tous les enfants
Qu’il aime des cadeaux charmants? Maman,
je veux attendre l’heure
Qui l’amène en notre demeure…
— A quoi bon, petit curieux?
Ce bienfaiteur mystérieux,
Il n’importe comme on l’appelle,
Pourvu qu’à son passé fidèle,
Il dépose, sans l’éveiller,
Quelque jouet dans ton soulier.
Endors-toi donc, plein d’espérance.
Demain, j’en suis sûre d’avance,
Tu verras, sans savoir comment,
Que le bien peut, nous venir en dormant..
“La veille de Noël”