Il était une fois dans une ferme française,
Un couple d’éleveurs et une vache landaise.
Bien que tout le monde se donnait à grands efforts,
La petite entreprise ne roulait pas sur l’or.
Un jour, vint le temps du destin sombre et funeste,
Car la crise rattrapa l’exploitation modeste.
Les deux, se retrouvant au bord de la carence,
S’enquirent du bovin en guise de pitance.
N’ayant nulle notion en matière d’équarrissage,
Ils prirent ce qu’ils trouvèrent pour en faire bon usage.
Ne pouvant compter, pour lui ouvrir les entrailles,
Que sur des ciseaux et une paire de tenailles.
Voyant qu’en boucherie ils étaient amateurs,
D’une agonie trop longue la vache prit soudain peur.
pour être sûre que sa mort soit plus sereine,
Elle leur donna des cours de chirurgie moderne.
Les fermiers restèrent tous les deux bouche béante,
En se rendant compte que leur vache était savante.
Enfilant une blouse et chaussant des lorgnons,
Elle s’adressa à ses étudiants sur ce ton :
“Afin d’en extraire le filet et l’araignée,
Il faut, de la bête, en pratiquer la saignée.
D’une lame aiguisée et d’un geste bien clair,
Tranchez-y le collier via la jugulaire !”
Pour qu’au moment de couper ils aient la technique,
Elle passa de la théorie à la pratique.
Fournissant les scalpels, elle les encouragea
A répéter, sur eux, le geste plusieurs fois.
Bien sûr, ce qui devait arriver, arriva ;
Au premier coup, ils passèrent de vie à trépas.
La vache, seule, ne pouvant fournir à ses besoins,
Finit par agoniser et mourir de faim.
Apprenti boucher ou apprenti médecin,
Il vaut mieux s’abstenir quand on n’y connaît rien.
Car, pour sûr, plus rapide aurait été sa fin
Si, à son métier, chacun s’y était restreint.
“La Vache qui se crut savante”