A peine encor sorti de son adolescence,
Pour la première fois un mortel curieux
Visitait cet endroit, à jamais précieux ,
Où l’on voit rassemblé tout l’esprit de la France
Et tout l’esprit des autres lieux.
« Quel coup-d’œil admirable !
» Que ce spectacle est imposant ! S’écria-t-il :
« J’éprouve en le voyant
Un plaisir pur , inexprimable !
» Esprits charmants et créateurs ,
» C’est ici que tous les auteurs,
» Ainsi que les abeilles
» Errantes sur les fleurs ,
» Viennent s’enrichir de vos veilles.
» Puisse-je un jour sur un de tes rayons,
» O bibliothèque chérie ,
» Avoir ma place entre les noms
» Qui font honneur a ma patrie !
» Une voix inconnue et fort belle, aussitôt
Se fit entendre, et dit : — Tu pourras y paraître
Avec célébrité, si tu n’as pas trop-tôt
L’ambitieux désir de te faire connaître.
Souviens-toi de laisser au goût, à la raison,
Le soin de diriger le plan de tes ouvrages ;
Crains ton imagination ;
Que tes écrits soient toujours sages ;
Abandonnant tous les chemins connus ,
Ose t’ouvrir une route nouvelle
A travers les sentiers de nos jours peu battus ;
Qu’avec ménagement ton esprit étincelle ,
Et, pour être un utile auteur,
Peins-nous des sentiments émanés de ton cœur.—
Cette leçon était bien naturelle.
On est d’autant plus grand qu’on n’eut point de modèle.
“La Voix inconnue et le jeune Homme”