Jean Baptiste François Ernest Chatelain
Un jour, d’un célèbre Acrobate
Le public admirant les actes périlleux,
De bravos et vifs et nombreux
Saluait à l’envi ses tours prodigieux.
Notre homme, que cet encens flatte,
Par des efforts nouveaux cherche à se surpasser ;
Mais, en voulant trop s’exhausser,
Son pied glisse, la corde vibre,
Il tombe, et perd la vie en perdant l’équilibre.
Alors, d’un tel malheur loin de se désoler,
Le public soudain de siffler.
Que ce soit en Espagne ou que ce soit en France,
Celui qui du néant s’élève à la puissance.
L’expérience est là pour en justifier,
S’il en croit ses flatteurs, sans trop d’inconvenance
Au ciel même peut s’allier :
Mais qu’il vienne à perdre l’empire,
Tout change ; on lui tourne le dos,
Et dès ce moment le héros
N’inspire plus que la satire.
“L’Acrobate et le Public”