Fable imitée d’Esope
Un jour le roi des airs tentait d’ouvrir une huître .
Pour en extraire, s’il pouvait,
L’aliment qu’elle renfermait.
Il y perdit son temps, s’il n’y perdit son titre.
« Jeûner près d’un bon mets, se disait-il tout bas ,
« C’est affreux , quand surtout l’appétit se réveille. »
« — Ne vous désolez point, » lui dit une Corneille
Qui l’observait à quelques pas,
« le sais un bon moyen de réduire en éclate
« L’huître que vainement vous pressez dans vos serres.
« Écoutez mes conseils : vous ne tarderez guère,
« A sortir de votre embarras!
« portez à votre bec cet objet vers la nue,
« Et, quand vous me perdrez de vue,
« Laissez-le tomber sur ce roc.
« Plus il viendra de loin , plus grand sera le choc,
« Et plus certaine aussi sera la réussite. »
Ce qui fut dit fut fait. Comme un aréolite.
Du ciel bientôt l’huître tomba ,
Et ne laissa plus voir qu’une chair blanche et fine ;
Notre commère la goba ,
Et s’en fut aussitôt vers la forêt voisine.
Sous le prétexte adroit d’augmenter notre bien,
Nous voyons tous les jours certains agents d’affaires
Nous donner des conseils qu’ils disent salutaires;
Mais, à la fin du compte, ils trouvent le moyen .
D’imiter la Corneille, en ne nous laissant rien.
“L’Aigle et la Corneille