Prenant un jour congé du plus puissant des dieux,
Et s’élançant de la voûte des cieux,
L’aigle, d’un vol plein de force et d’audace,
De l’Olympe à la terre avait franchi l’espace.
Un chêne le reçoit ; sur ses rameaux épars
Le voyageur ailé promène ses regards.
Qu’aperçoit-il à travers le feuillage ?
Un escargot : le plaisant personnage !
Je ne m’attendais pas à le rencontrer là,
Dit-il ; mais parlons-lui. Camarade, holà !
A ma voix, s’il te plaît, prête un moment l’oreille.
Un escargot si haut me semble une merveille.
Que diable viens-tu faire ici ?
Crois-moi, tu n’es pas à ta place.
Qu’importe ? répond l’autre ! après tout, m’y voici.
Pour le punir de tant d’audace,
L’aigle, d’un coup de bec le faisant décamper,
Sur la terre aussitôt le renvoya ramper.
“L’Aigle et l’Escargot”
- Jean-Auguste Boyer-Nioche, 1788-1859