Pierre Louis Solvet
Homme de lettres, écrivain et analyses des fables – L’Alouette et ses Petits avec le Maître d’un champ
Études sur “L’Alouette et ses petits…” de La Fontaine, P. Louis Solvet – 1812
- L’Alouette et ses Petits avec le Maître d’un champ.
Aulugelle, Livre 2 , chap. 9.
V. 1. Ne, t’attends quà à toi seul : c’est un commun proverbe.
Et l’on pourrait ajouter, fort ancien.
Ne Quid expectes amicos quod tute agere possis,
le poète Ennius, au rapport d’Aulugelle.
N’attends d’autruy ce que tu peux.
(Baïf, Mimes et Enseignements.)
V. 3. Voici comme Ésope le mit En crédit.
Il fallait mettre ces deux vers en un, ce qui était facile , et ce qui sauvait en même temps les trois rimes consécutives en it (Ch.)
V. 7- … Que tout pullule dans le monde, Monstres marins au fond de l’onde, Tigres dans les forêts, alouettes aux champs.
On peut voir dans le premier chant du poème des Saisons, entr’autres, un beau développement de ce passage, où sont décrits, sous les couleurs les plus poétiques, les amours des espèces les plus remarquables des animaux hâtes de cet univers, et particulièrement ceux indiqués dans cet endroit, tels que te tigre,
Qui caresse en grondant son amante en furie;
…. La baleine et les monstres des mers,
De leurs longs mouvements troublant le sein des ondes.
V. 13. A toute force, enfin, elle se résolut
D’imiter la nature et d’être mère encore.
L’importance que La Fontaine donne à cet oiseau est charmante. (Ch.)
V. 23…….Si le possesseur de ces champs
Vient avecque son fils………..’
Le mot avecque se trouve souvent de trois syllabes dans La Fontaine, ce qui rend le vers pesant : on ne supporte plus cette licence. (Ch.)
V. 34. L’un commence ; il a dit.
Avec quelle vivacité est peint l’empressement des enfants à rendre compte à leur mère ! (Ch.)
V. 55, 56, 39. Aider, écouter, manger, mauvaises rimes ; c’est dommage : on voudrait que cette Fable fût parfaite. (Ch.).
V. 36. S’il n’a dit que cela, repartit l’alouette,
Rien ne nous presse encor de changer de retraite.
Peut-on mettre la morale en action d’une manière plus sensible et plus frappante? (Ch,)
V. 39. Cependant soyez gais : expression de la Fable italienne de Capaccio sur le même sujet : Hor, rimanete lieti, state lieti.
V. 45. Nos amis ont grand tort, et tort qui se repose Sur de tels paresseux à servir ainsi lents.
Remarquez comme, dans cet endroit, La Fontaine sait plier la langue, et la dégager de cette surcharge d’articles et de verbes auxiliaires dont elle est embarrassée, et qui rendent souvent sa marche si pesante! (M. Clément ,4°. lettre à Voltaire.)
V. 50. Il a dit ses parents, mère… c’est à cette heure ; Non……………..
Comme la leçon se fortifie par la sécurité de l’alouette ! (Ch.)
V. 64. C’est à ce coup qu’il faut décamper, mes enfants.
Les éditions de Didot portent, à dater de celle de 1786 :
C’est ce coup qu’il est bon de partir, mes enfants.
Cette leçon n’est indiquée par aucune des éditions antérieures , et l’expression de l’ancien vers paraît, en quelque sorte, plus naturelle, car il est bon de partir est lent et long pour la situation, et sort du style familier : mais l’on objecte que c’est à ce coup n’est point du style de La Fontaine, et que, sans doute, le texte a été altéré. Alors, pour tout concilier, on pourrait lire :
C’est ce coup qu’il vous faut décamper, mes enfants.
V. 67. Voletants, se culbutants.
Ce vers de sept syllabes, entre deux vers de huit syllabes , donne du mouvement au tableau, et exprime le sens dessus dessous avec lequel la petite famille déménage. La Fontaine ne pouvait guère finir par une plus jolie Fable. (Ch.) (L’Alouette et ses Petits avec le Maître d’un champ)