Apologue, août 1859.
A mon ami Mahiet de la Chesneraye
« Je convoite un moyen de vivre encor longtemps,
» Disait un homme atteint de quatre-vingts printemps ;
» Si le bon Dieu voulait me changer en monnaie,
» En ce métal par qui l’on vend, achète et paie,
» Je roulerais partout, je roulerais toujours,
» Je compterais d’éternels jours ;
» Oh ! j’aime tant ce monde, et j’aime tant la vie !
» Qu’elle ne me soit pas ravie !
» Non, je ne connais rien qui me semble plus doux :
» Qu’on me nomme Louis ou pièce de cent sous,
» Que m’importe, pourvu que restant sur la terre,
» Je ne devienne pas une vile poussière !
» Que je vive, c’est tout mon désir ! » Une voix
Lui répond ; « Tout finit, les peuples et les rois !
» Qu’on soit ou pièce d’or, ou simplement centime,
» On retourne au creuset, on rentre dans l’abîme !
» Va, dans ton fol espoir tu serais confondu !
» Si l’argent ne meurt pas, n’est-il donc pas fondu ? »
“L’Amour de la Vie”
Hortensius de Saint-Albin, 1805 – 1878