Salut, ma sœur, dit à la Goutte un jour
L’Enfant ailé que l’on appelle Amour !
Toi, mon frère lui répond-elle !
J’en ai la première nouvelle :
D’où te vient cette parenté ?
— Eh parbleu ! du bien-être et de l’oisiveté,
Qui furent mes auteurs, comme ils furent les vôtres ?
Vous faut-il des garans de notre affinité ?
Je puis vous en citer bien d’autres.
Un mal-aise inquiet nous annonce tous deux ;
C’est une douleur vague et qu’on ne peut décrire ;
C’est presque, si j’ose le dire,
Le besoin de souffrir pour en être un peu mieux.
Suivant la place où je m’arrête,
Mon mal est plus dur à souffrir ;
Chez les femmes souvent je siège dans la tête,
Et c’est là que je suis difficile à guérir.
Adieu, ma sœur, adieu ! pour la race mortelle,
Nous sommes, vous et moi, de cruels ennemis ;
De vos maux et des miens quiconque se sent pris
Ne va plus que d’un pied, ne bat plus que d’une aile.
“L’Amour et la Goutte”