Un pauvre âne sifflé dans une fable en vers
Pour sa crasse ignorance et ses nombreux travers,
Voulut répondre un jour en style académique,
Avec soin parfumé de fleurs de rhétorique ;
Mais il n’en trouvait pas. Regardez ce vallon,
Lui dit un sot ; jadis le divin Apollon
Y cueillait en rêvant cette fleur précieuse
Dont il savait parer sa lyre harmonieuse,
La fleur que vous cherchez. Don Martin d’y courir
Le vallon était gueux, et pour voir et cueillir
Il fallait avant tout lui compter une somme
Qu’il reçoit ; aussitôt l’ âne en bête de somme
Bondit, et parcourant le merveilleux vallon
Ne voit briller, hélas! que la fleur du chardon.
Honteux et tout confus, il en fit sa pâture,
Pour se payer un peu de sa mésaventure.
“L’âne et le Ballon”
Éditeur : Maulde et Renon (Paris), 1845