Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde :
On a souvent besoin d’un plus petit que soi.
De cette vérité deux Fables feront foi,
Tant la chose en preuves abonde.
Entre les pattes d’un Lion
Un Rat sortit de terre assez à l’étourdie.
Le Roi des animaux, en cette occasion,
Montra ce qu’il était, et lui donna la vie.
Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu’un aurait-il jamais cru
Qu’un Lion d’un Rat eût affaire ?
Cependant il advint qu’au sortir des forêts
Ce Lion fut pris dans des rets,
Dont ses rugissements ne le purent défaire.
Sire Rat accourut, et fit tant par ses dents
Qu’une maille rongée emporta tout l’ouvrage.
Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage.
(L’Ane chargé d’éponges, et l’Ane chargé de sel)
Autre analyse:
Études sur les fables de La Fontaine, P. Louis Solvet – 1812
Esope, fable 256 – (L’Ane chargé d’éponges, et l’Ane chargé de sel)
V. 1. Un ânier, son sceptre à la main, Menoit, en empereur romain , Deux coursiers à longues oreilles.
Il y a bien de l’esprit et du goût à savoir tout ennoblir sans donner aux petites choses une importance ridicule. C’est ce que fait La Fontaine, en mêlant la plaisanterie à ses périphrases les plus poétiques, ou à ses descriptions les plus plaisantes. (Ch.)
Au sujet de l’expression de coursier à longues oreilles nous avons recueilli cette observation de Rivarol (1): « On pourroit se servir de cet exemple pour prouver que le principe qu’il n’y a point de synonymes est rigoureusement vrai. La Fontaine dit cour-fier à longues oreilles, pour désigner un âne, mais il n’auroit pas dit cheval a longues oreilles. Coursier et cheval ne sont donc pas toujours synonymes ; leur différence paroît surtout de la prose aux vers. Coursier est plus générique que cheval ; il convient à plus d’animaux. »
V. 17. Car au bout de quelques uagées…lire la suite